Barreau

On désigne ainsi la réunion obligatoire des avocats auprès de chaque juridiction. A la tète du barreau se trouve le bâtonnier, élu par l’Assemblée générale du barreau, dont il est le dirigeant et le représentant. Les origines remontent à la plus haute Antiquité. Une tablette d’argile rédigée en langue sumérienne et datant du IIe millénaire av. J.-C. rend compte d’un procès au cours duquel deux défenseurs, plaidant devant l’assemblée des habitants de Nippur réunis en tribunal, obtinrent l’acquittement d’une femme coupable, aux yeux des autorités, de n’avoir pas dénoncé les meurtriers de son mari, dignitaire du temple de cette ville. En Grèce, les parties soumettant leur litige à un tribunal durent pendant longtemps assumer leur propre défense ou leur propre accusation. On estimait, en effet, que le comportement personnel de chaque intéressé devant le tribunal fournissait aux juges un élément essentiel sur la sincérité du sujet et la véracité de ses dires. Bientôt cependant les plaideurs prirent l’habitude de se faire assister devant les tribunaux par des amis ou des personnes à gages. Ils commençaient leur plaidoirie par quelques phrases, puis demandaient à ceux-ci de la développer devant le tribunal. Les avocats romains: à Rome, au temps de la République, la défense n’était pas rétribuée, mais elle permettait à ceux qui l’exerçaient de se faire connaître du grand public et de s’ouvrir parfois, grâce à leur éloquence, le chemin des honneurs. Sous les empereurs, au contraire, grâce à l’étude généralisée du droit, on vit se former dans la capitale de l’Empire une lignée de grands avocats dont certains jouèrent un rôle dans l’histoire politique de Rome.

Le barreau en France. La conquête de la Gaule par les Romains eut, entre autres, pour effet d’implanter dans notre pays cette profession. Il semble que les Gaulois aient été fort doués pour la plaidoirie et acquirent rapidement une notoriété dépassant les frontières. Au IVe siècle de notre ère, de grandes écoles comme celles de Marseille, Bordeaux, Lyon, Autun attiraient déjà une nombreuse jeunesse, gauloise et étrangère, tentée par le « barreau ». Les avocats s’organisèrent en France à partir du XIIe siècle ; jusqu’au XVe siècle, leur corporation groupait non seulement les avocats, mais aussi les procureurs, ancêtres de nos avoués actuels ; ce n’est qu’à cette date, et non sans difficulté, que ces deux professions se séparèrent. A la fin de l’Ancien Régime, les ordres d’avocats sont autonomes, libres de leur recrutement et de leur organisation. Depuis le XIVe siècle, la profession est réglementée par des ordonnances royales. On exige notamment des défenseurs qu’ils suivent certaines règles morales (ne pas taxer abusivement leurs clients, s’abstenir de plaider une cause reconnue injuste, etc.) et s’inscrivent sur un tableau professionnel, formant ainsi ce qui deviendra l’Ordre des avocats. Puissant au Moyen Age, souvent appelé par la Couronne pour défendre ses droits, le barreau perdit un peu de son importance à partir de la Renaissance, lorsque fut introduite par la monarchie la vénalité des offices. Il se maintint cependant jusqu’à la Révolution, époque où il fut aboli en tant que corporation, au même titre que les autres institutions judiciaires de la monarchie. Les avocats en ce temps-là devaient être nombreux en France, puisqu’on en comptait 183 sur les bancs de l’Assemblée constituante. Cette dernière supprima l’Ordre en 1791, les avocats furent remplacés par des défenseurs officieux, n’ayant souvent aucune préparation. Mais l’absence d’un véritable barreau ne tarda guère à se faire sentir. En même temps que la réouverture des écoles de droit, une loi du 22 ventôse an XII rétablit l’ordre des avocats. De nombreux textes se sont attachés depuis à l’organisation de la profession, qui évolue actuellement vers la spécialisation entre avocats plaidants et avocats consultants et, peut-être, une fusion des diverses professions judiciaires.

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