Chirurgie

Il y a deux médecines : l’une qui prescrit et laisse agir des agents physiques ou chimiques, l’autre, qui nous occupe ici, impliquant l’intervention manuelle du praticien. De ce fait, la chirurgie n’est pas seulement une science, mais aussi un art exigeant à la fois des connaissances et une grande habileté.

Histoire. De l’examen de certains crânes appartenant à des squelettes de l’âge de la pierre ou du bronze, nous savons que les médecins préhistoriques pratiquaient des trépanations. Plus tard, la chirurgie est en honneur en Asie occidentale, en Egypte, en Grèce. Ecrivant en langue grecque le premier texte médical que nous possédions, Hippocrate réserve un chapitre à ce que nous appelons la « petite chirurgie ». Plus tard, Celse nous parle en latin de l’école d’Alexandrie (Egypte, de 331 av. J.-C. à 37 apr. J.-C.), qui enrichit les connaissances anatomiques de l’époque. En Italie, un des pères de la médecine, Galien (131 à 201 apr. J.-C.), nous apprend que l’on pratique alors des amputations, des ligatures de vaisseaux, la lithotomie. Mais bientôt, en Occident, les préjugés médiévaux, en séparant médecine et chirurgie (abandonnée aux barbiers) et en interdisant la dissection des cadavres, portent un coup aux progrès de la chirurgie. Certains praticiens parviennent pourtant à s’illustrer : sous Philippe le Bel, Henri de Mondeville et Guy de Chauliac; sous Saint Louis, Jean Pitard, fondateur du collège Saint-Côme.

En Orient, les anciens Indiens pratiquaient la chirurgie, utilisant au moins 125 instruments. Ils connaissaient même la chirurgie plastique et savaient recoller nez ou oreilles tranchés. Toutefois, ce n’est qu’à partir de la Renaissance que les études chirurgicales – grâce aux dissections et au regain de la curiosité scientifique – permettent d’améliorer sensiblement la condition humaine. Au XVIe siècle, le Français Ambroise Paré remet en usage la ligature des vaisseaux, met un terme à l’horrible pratique qui consistait à purifier les plaies à l’huile bouillante. Vers la même époque, Vésale, Paracelse restaurent également l’art chirurgical. Au XVIIIe siècle, une Académie royale de chirurgie est fondée (1731), à la requête de Mareschal, chirurgien de Louis XIV et de Louis XV. Sous Napoléon, la chirurgie est illustrée par Larrey, Percy, Dupuytren. Et bientôt une série de découvertes permet un nouveau bond en avant : l’anesthésie générale (1847), l’antisepsie (1867), l’asepsie (1886), grâce aux travaux de Pasteur sur l’origine microbienne des infections. Parmi ceux qui ont jeté les bases de la chirurgie moderne, citons, pour la France, Velpeau, Labbé, Doyen, Gosset, Vincent ; pour l’Allemagne, Graefe, Langenbeck ; pour les Etats-Unis, E. McDowell, Crawford Long, W Halsted, R H. Albee, C. Jackson, H. Cushing.

Au XXe siècle, de nouveaux progrès scientifiques permettent d’ailleurs des opérations toujours plus audacieuses : la détermination des groupes sanguins, grâce à laquelle les transfusions sont pratiquées sans danger; la découverte des antibiotiques (sulfamides, pénicilline, etc.), qui réduisent considérablement les risques d’infection ; l’amélioration des techniques d’anesthésie ; les progrès de la radiologie et des diverses méthodes d’examen interne (endoscopie) ; la mise au point de sérums anti-rejet qui permettent la greffe, sur un malade, d’organes étrangers à son organisme. De fait, la chirurgie moderne va de prouesse en prouesse.

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